“Rencontres de la paix à Aubagne” avec une députée kurde : la police politique française siffle la fin de partie.

Aux ordres de qui le juge Thierry Fragnoli, “vice président chargé de l’instruction au Tribunal de grande instance de Paris au pôle anti-terroriste”, et la DCRI (Direction centrale du renseignement intérieur) obéissent-ils quand ils décident d’arrêter des militants kurdes? Il n’y a pas de réponse de la DCRI dont les missions sont couvertes par le secret défense. Il n’y en a pas non plus de la part du juge “anti terroriste” qui, interviewé le 11/11/2010 par “Objectif magistrat”, a néanmoins avoué son intérêt pour les dossiers “relatifs au PKK” : “ce sont des dossiers très intéressants qui impliquent ce que j’appelle une véritable “diplomatie judiciaire” avec des collègues Turcs bien sûr, mais aussi Suisses, Belges, Allemands, Autrichiens”.

Il n’y a donc pas de réponses, seulement des “coïncidences”, comme les interpellations effectuées dans la région de Marseille, ce mardi 20 septembre dernier, clôturant pour ainsi dire une semaine pour la paix qui avait obtenu un vrai succès populaire à Aubagne avec des spectacles, des concerts, mais aussi des conférences, des débats et des animations dans les écoles. Toutes les associations s’étaient mobilisées et la question kurde avait été choisie pour être un des thèmes principaux, avec la participation de la députée kurde de Diyarbakir Emine Ayna entourée de militants d’associations kurdes et françaises du département des bouches du Rhône revendiquant pour le peuple kurde les droits culturels et politiques auquel tout un chacun a droit. Ceci n’aurait pas dû émouvoir les autorités de notre pays “patrie des droits de l’Homme” mais le consulat turc de Marseille n’a pas dû apprécier la critique en règle de la politique turque à l’égard des Kurdes : bombardements aériens sur la zone frontalière avec l’Irak créant un risque majeur de guerre dans cette région du Moyen-Orient, atteintes permanentes à la démocratie et aux Droits de l’Homme en Turquie, répression et incarcérations massives de représentants associatifs, de journalistes, de militants de partis politiques et de leurs élu(e)s et même d’enfants “lanceurs de pierre”.

La “diplomatie judiciaire” aurait-elle agi ? L’AFP nous apprend, dans un “EXCLUSIF AFP”, que “plusieurs membres présumés de l’organisation séparatiste kurde PKK ont été interpellés mardi matin à Marseille et dans la région Paca sur commission rogatoire du juge anti-terroriste parisien Thierry Fragnoli”, et “qu’à Marseille, les policiers ont investi plusieurs domiciles et lieux dont la Maison du peuple kurde, située près de la Canebière” La dépêche précise que “l’opération était menée par les services de la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI)” dont les missions, peut-on lire sur le site ministériel, “consistent dans la lutte contre toutes les activités susceptibles de constituer une atteinte aux intérêts fondamentaux de la nation”.

Tout en s’insurgeant “contre les perquisitions effectuées aux domiciles de deux familles, et contre l’interpellation de trois personnes réfugiées politiques [qui] témoignent de l’alignement de la France sur la politique répressive de la Turquie” Joël Dutto, Conseiller général honoraire, Conseiller municipal de Marseille et Conseiller communautaire de Marseille Provence Métropole, s’étonne de la complaisance des médias à amplifier ces évènements : les locaux du Centre Culturel de la Mésopotamie qui remplace la Maison du Peuple Kurde n’ont pas été perquisitionnés (quant aux locaux “près de la Canebière”, ils n’existent plus !). Sur les 3 personnes interpellées, l’une a déjà été relâchée, ” étonnant pour un dangereux terroriste !!!” ironise J. Dutto qui conclut : “tout ceci participe à détourner l’opinion publique du juste combat que mène le PKK (Parti des Travailleurs du Kurdistan) avec le soutien massif du peuple kurde. Cette opération de police vise à criminaliser les Kurdes qui défendent depuis des décennies leur droit à exister et à vivre libre”.

André Métayer

Nous apprenons que les “membres présumés du PKK” interpellés mardi matin ont tous été remis en liberté.