Rojbîn, on ne peut pas oublier son regard

Moment d’émotion intense pour la présidente du Mouvement Européen d’Ille-et-Vilaine (ME 35), Roselyne Lefrançois, venue se recueillir dans ce lieu qui va devenir, sur décision municipale, « Square Fidan ‘Rojbîn’ Doğan ». Roselyne a en effet bien connu Rojbîn alors qu’elle était adjointe au Maire de Rennes, déléguée aux relations internationales et aux affaires européennes de 1995 à 2014 et députée européenne (2007-2009). Roselyne Lefrançois fut l’une des personnalités qui a accompagné les premiers pas, il y a trente ans, d’une association, la ‘Délégation rennaise Kurdistan qui devint Amitiés kurdes de Bretagne. Rojbîn, directrice du Centre d’information du Kurdistan de Paris est souvent venue à Rennes animer des réunions et accompagner des personnalités kurdes, reçues par les maires successifs, Edmond Hervé et Daniel Delaveau et par leur adjointe déléguée aux relations internationales. Non sans laisser des traces. Mais laissons la parole à Roselyne pour parler de Rojbîn.

André Métayer

AM – Quels souvenirs avez-vous de Rojbîn, que vous inspire sa vie de militante, jusqu’au sacrifice suprême ?

R. Lefrançois – J’ai eu la chance d’accueillir Rojbîn à la Ville de Rennes en tant qu’adjointe au Maire. Rojbîn fait partie des personnalités qui vous marquent. Je retiens sa personnalité, empreinte de détermination, de force et d’énergie. On ne peut pas oublier son regard. On sentait qu’elle irait jusqu’au bout de ses convictions pour la cause kurde.

AM – Que vous inspire la décision du conseil municipal de Rennes, lors de sa séance du 13 mars 2023, de dénommer un nouveau square de la ville : « Square Fidan ‘Rojbîn’ Doğan, féministe-militante kurde » ?

R. Lefrançois – La décision du Conseil municipal de Rennes m’inspire une fierté et un lien contre l’oubli. Parler d’elle, c’est tout simplement garder en mémoire le combat de sa vie.

AM – En dehors de ce moment de joie et d’émotion intense qu’elle suscite, cette décision est-elle de nature à faire avancer de façon significative le combat pour que justice soit rendue, notamment en obligeant le gouvernement français à lever le secret défense ?

R. Lefrançois – Bien évidemment la justice doit être rendue. Il faut effectivement que la question « qui a osé assassiner » Rojbîn et ses deux consœurs ne reste pas sans réponse d’autant que voilà maintenant 11 ans que celles-ci ont été assassinées ! C’est pourquoi la justice française et le gouvernement français, chacun à son niveau, doivent tout mettre en œuvre pour accélérer l’émergence de la vérité et ainsi nommer les vrais responsables. Nous le lui devons.