Sur les chemins kurdes

En rentrant de Saint-Macaire-en-Mauges, où il avait été question, au cours d’un débat animé, de “quel avenir pour les Kurdes” et où j’ai fait la rencontre de l’auteure de “Sur les chemins kurdes”, Marie Odile Pagniez, j’ai retrouvé le livre près de ma table de travail : il était en haut de la pile mais, honte sur moi, je ne l’avais pas lu !!! Tout juste feuilleté pour regarder les dessins, de très jolies aquarelles à la fois naïves et réalistes, de Laurent Girault-Conti, co-auteur de l’œuvre, éditée par Albin Michel en 1991. Laurent Girault-Conti, peintre, est aussi photographe, photographe à l’ancienne, qui travaille toujours en argentique et qui corrige lui-même ses tirages, au pinceau à trois poils.

Un pays tant aimé qui n’existe pas

“Un pays tant aimé qui n’existe pas”. Cette phrase en exergue n’est pas sans rappeler le film “Kurdistan je reviens d’un pays qui n’existe pas” projeté au festival de Douarnenez en 1998. Ce pays n’existe pas mais les Kurdes, eux, existent. Marie Odile et Laurent les ont rencontrés. Çukurca (prononcer “tchoukourdja”, précise-t-on), Van, Hakkari, Blitis, Cizre (prononcer Djéziré), Mardin, et, bien sûr, Diyarbakir… des noms, des lieux que connaissent bien les délégations qui suivent aujourd’hui les mêmes chemins que ces deux précurseurs. J’oubliais Hakkari, “la ville en armes, un soldat pour deux habitants et quatre mille policiers en plus. Atmosphère pesante”. D’une plume alerte, sensible, non complaisante mais terriblement convaincante, Marie Odile emmène son lecteur sur des chemins mal aisés semés de rencontres chaleureuses, pleines d’émotions, de surprises, où la joie insouciante d’un instant se mêle à la sourde inquiétude angoissante du lendemain. Et, pendant de temps, Laurent dessine, croque impunément, imprudemment. Ses armes, crayons, papiers, pinceaux, sont confisqués et valent au duo de connaitre l’arrestation en pleine nuit. “Terroristes, activistes ou touristes, ils ne connaissent que ce choix-là. Ils nous libèrent enfin d’après-midi. Incompréhension mutuelle”.

Ce livre est terriblement d’actualité

Ce livre, une histoire illustrée de la résistance kurde à la frontière turco-irakienne. Ce livre, une très belle leçon d’histoire contemporaine à l’intention des adolescents mais que beaucoup d’adultes liront avec intérêt. Ce livre, écrit en 1991, est terriblement d’actualité. Il nous emmène dans un camp de réfugiés; Ce ne sont pas des Yézidis mais des Kurdes irakiens fuyant non pas l’Etat islamique mais Saddam Hussein, mais toujours la même misère : “soudain des projecteurs crachent une lumière violente et froide qui ceinture le camp et rend plus présents encore les barbelés. Les Kurdes, tels des prisonniers, surveillés par des militaires turcs, en armes. Les Kurdes indésirables et dérangeants, sans terre, sans Etat, sans espoir et sans droit, si ce n’est celui que leur imposent les pays où ils vivent. Mais aucun ne leur a offert le simple droit de vivre en paix”. La conclusion (“PROLONGEMENTS : de trahison en oppressions, la longue marche vers la liberté”) mérite des… prolongements, sur la situation de la femme par exemple qui, depuis vingt-six ans, semble, quand même, avoir évolué. A vos plumes.

André Métayer

Turquie. Sur les chemins kurdes” (chez Albin Michel Jeunesse, Paris 1991) 60 pages + VIII pages de documents. Deux dépliants : une bande dessinée sur l’histoire du peuple kurde et un dessin d’une carte géographique. Une belle réussite brochée, plastifiée, illustrée.
Où peut-on le trouver? – Auprès de Laurent Girault-Conti et sur le stand des Amitiés kurdes de Bretagne
• à Saint Malo : Marché de Noël solidaire et équitable les 25/26 novembre
• à Rennes :Marchés du Monde solidaire (Festisol) le 26 novembre
• à Betton : Marché de Noël du Monde de la Solidarité le 3 décembre
• à Brest : Marché du Monde (Festisol) les 9 et 10 décembre