Un square à Rennes pour Rojbîn

A l’unanimité – il faut le souligner – le conseil municipal de Rennes a voté, lors de sa séance du 13 mars 2023, la proposition de dénommer un nouveau square de la ville de Rennes « Square Fidan ‘Rojbîn’ Doğan, féministe – militante kurde ». Rojbîn a été tragiquement assassinée le 9 janvier 2013, comme l’a souligné dans son intervention Mme Flavie Boukhenoufa, adjointe à la maire de Rennes déléguée aux relations internationales, relations publiques, cultes, laïcité et odonymie :

L’émotion des membres de l’association Amitiés Kurdes de Bretagne représentée ce soir m’invite à revenir sur son nom plus qu’un autre. Fidan Doğan, connue sous le nom de Rojbîn, était une militante kurde féministe. Elle a été une figure emblématique du combat kurde contre l’oppression turque. Elle a lutté sans relâche contre l’enfermement des femmes dans un état de soumission face à une autorité machiste et patriarcale. Représentante du congrès national du Kurdistan, basé à Bruxelles, directrice du centre d’information du Kurdistan situé à Paris, elle était une ambassadrice pour le peuple kurde et un relais pour le mouvement associatif, la presse, les politiques et les cabinets ministériels français. Notre municipalité a eu plaisir à la recevoir ici même à Rennes. Kurde, turque, française, elle possédait les codes des trois cultures. Elle a été tragiquement assassinée il y a 10 ans cette année. Ce soir son nom mis à l’honneur nous rappelle son engagement sans faille, les enjeux toujours d’actualité de ces combats pour le peuple kurde et pour les femmes plus largement à travers le monde. A Rennes, square Fidan Doğan, nous nous souviendrons de l’engagement humaniste et féministe de Rojbîn.

La délégations des associations Zin 35 (association des femmes kurdes de Rennes du Conseil démocratique kurde de Rennes et des Amitiés kurdes de Bretagne, présente lors du vote, n’a pu retentir ses applaudissements sous le regard d’abord surpris puis franchement approbateur des conseillers municipaux, auxquels Nathalie Appéré, maire de Rennes et présidente de Rennes Métropole, s’est associée en évoquant « notre combat commun » en faveur des droits humains et des droits des peuples à disposer d’eux-mêmes : « vous pouvez compter sur nous, et pas uniquement pour la dénomination de rues » a-t-elle ajouté.

L’ombre de co-maires successifs de la ville métropolitaine de Diyarbakir, qui croupissent dans les geôles turques, a plané ce soir-là dans cette enceinte municipale. Des liens anciens et profonds unissent en effet les deux villes. Gültan Kışanak, reçue à Rennes en 2015, destituée, incarcérée depuis 2016, purge une peine de prison de 14 années et 3 mois. L’histoire se répète avec Hülya Alökmen Uyanık qui, à peine élue co-maire de Diyarbakir le 31 mars 2019, est interpellée, destituée et mise en détention. La Cour pénale de Diyarbakır l’a condamnée à 10 ans et 6 mois de prison. Rappelons la campagne de cartes postales et de stylos lancée en soutien à tous les détenus, hommes et femmes politiques, journalistes, avocats, universitaires, syndicalistes, militants et militantes associatifs, emprisonnés en Turquie.

André Métayer