Un tournant, peut-être, dans l’affaire de l’assassinat de Sakine, Rojbin et Leyla

D’après deux dépêches de l’AFP, la juge enquêtant sur l’assassinat à Paris de trois militantes kurdes en 2013 va demander la déclassification du dossier personnel constitué par les services de renseignements français sur le tueur présumé.

Mais que savent les renseignements français de l’assassin présumé ? Les enquêteurs, qui s’interrogent sur un éventuel lien entre Omer Güney et les services turcs, vont sonder le gouvernement.

“Le travail de la juge (d’instruction), estime l’un des avocats, a démontré que des pistes politiques menant aux services secrets en Turquie sont suffisamment claires pour justifier des recherches plus approfondies afin d’identifier les commanditaires.”

Est-ce un tournant dans l’enquête ? Trop tôt encore pour le dire. Si la déclassification des dossiers sur le présumé assassin, ses trois victimes et le Centre d’information du Kurdistan (CIK) est demandée par la magistrate, la réponse des autorités politiques françaises peut être dilatoire, voire négative.

On touche là le cœur de la question : si le présumé assassin est un agent des services turcs (MIT) – une intime conviction qui semble maintenant s’imposer surtout après les déclarations d’Erdogan lui-même – les services français ne sont pas sans posséder des informations qui intéressent les juges. Mais ces documents pourraient aussi être gênants pour la diplomatie française.

Les Kurdes, les amis du peuple kurde, veulent connaître la vérité et ne peuvent que se réjouir de ces avancées. Mais la vigilance reste de mise. Qu’on sache que le triple crime commis à Paris est toujours très présent dans les mémoires, tant au Kurdistan qu’en France et en Europe et que les Kurdes et les amis du peuple kurde continueront de demander :

  • à la justice française de démasquer et de punir les commanditaires et les exécutants ;
  • au président de la République française de recevoir les familles des victimes ;
  • à la Ville de Paris d’apposer une plaque commémorative au n°147 de la rue Lafayette.

André Métayer