A l’occasion du 40° anniversaire de la création du PKK, Remzi Kartal communique l’enthousiasme et la détermination qui l’habitent

Remzi Kartal était au grand rassemblement des Kurdes de Bretagne à Saint-Aubin-du-Cormier le 18 novembre dernier, à l’occasion du 40° anniversaire de la création du Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK). Reprenant le communiqué de l’Union des Communautés du Kurdistan (KCK), le co-président de Kongra-gel (branche politique du PKK) a rappelé que 40 ans s’étaient écoulés depuis le congrès fondateur du PKK du 27 novembre 1978 et a ajouté que le 40e anniversaire était célébré avec enthousiasme partout où vivent les Kurdes et leurs alliés : “nous célébrons ce jour avec tous nos camarades, avec notre peuple, avec notre leader Abdullah Öcalan. Nous le célébrons avec respect et gratitude pour tous ceux et celles qui sont tombés martyrs.” Et d’ajouter que les Kurdes de Turquie préparaient avec détermination les élections de 2019 :”malgré les menaces d’emprisonnement qui planent sur la tête de tout élu, nous ne manquons pas de candidats.”

Les cinq cents Kurdes présents l’ont ovationné. Chants, danses traditionnels et repas pris en commun avec leurs invités des Amitiés kurdes de Bretagne (AKB). Ce fut aussi l’occasion de rappeler l’assassinat des trois militantes kurdes, Sakine, Leyla et Rojbîn, pour lesquelles nous demandons Vérité et justice : “Rojbîna me”, édité par les AKB, était sur la table de presse, relatant ce crime d’Etat, perpétré en plein Paris et demandant au gouvernement français de ne plus faire obstacle pour que les commanditaires soient désignés et jugés.

Sa tête est mise à prix

Remzi Kartal, né en 1948 à Van, diplômé de la Faculté de médecine dentaire, fait partie des grandes figures de la résistance kurde, celles que l’Etat turc aimerait supprimer. En janvier 2013, à la suite des assassinats de Paris, il fut révélé que la Turquie avait envoyé des tireurs d’élite en Europe dans le but d’éliminer les dirigeants du mouvement kurde. Remzi Kartal était parmi les personnalités visées. Une note du 28 octobre 2015 émanant du ministère de l’Intérieur turc le place sur la liste rouge des “terroristes les plus recherchés”. Le 1° décembre 2016, il dépose à Bruxelles, où il réside, une plainte pour menaces de mort reçues à plusieurs reprises sur son téléphone portable. On peut dire que, pour Remzi Kartal, la chasse à l’homme a commencé le 2 mars 1994, quand la police a encerclé de la Grande Assemblée de Turquie pour se saisir de députés kurdes du DEP (Parti de la Démocratie) qui venaient de perdre leur immunité parlementaire : alors que Orhan Dogan – aujourd’hui décédé – et Hatip Dicle sont poussés dans les escaliers du Parlement à coups de pieds et de poings et embarqués manu militari (ils seront condamnés à 15 années d’emprisonnement en compagnie de Leyla Zana et de Selim Sadak), Remzi Kartal et quelques autres seront exfiltrés vers l’Europe. La vindicte se poursuit et, suite à la demande d’extradition de la Turquie via Interpol, l’Espagne interpelle les 24 et 26 mars 2009 Remzi Kartal, alors président de la Commission des Affaires étrangères du KNK (Congrès national du Kurdistan)[[Le KNK est une fédération regroupant une trentaine d’organisations. Le KNK a pour objectif de renforcer l’unité et la coopération des Kurdes dans toutes les parties du Kurdistan et de soutenir leur combat à la lumière des intérêts supérieurs de la nation kurde (article 7, paragraphe A, de la charte constitutive du KNK). Le Kongra-Gel (branche politique du Parti des Travailleurs du Kurdistan) est membre du KNK.]] et son vice-président Eyyup Doru, le futur représentant du HDP en Europe. Assignés à résidence, ils seront libérés 4 mois plus tard et blanchis de toute accusation de terrorisme par l’Audiencia Nacional, un tribunal pénal espagnol à compétence nationale, après une intense campagne de pétition à laquelle les Amitiés kurdes de Bretagne ont participé. Il est vrai que ces deux personnalités sont très connues et estimées en Bretagne, depuis le festival de cinéma de Douarnenez qu’ils ont honoré de leur présence en 2003, festival pendant lequel on put voir écrit partout, sur les murs, sur les sols et projeté sur les écrans de cinéma, le mot “KURDISTAN”.

André Métayer