Du nouveau dans l’affaire des assassinats de Sakine, Rojbîn et Leyla : le téléphone portable du présumé tueur compromet les services secrets turcs

Un document secret avait déjà été publié par des medias kurdes et turcs mettent en cause les services secrets turcs (Réseau de Renseignement National – MIT – rattaché à la Sécurité publique) dans la préparation de l’assassinat des trois militantes kurdes, commis à Paris le 9 janvier 2013. Un enregistrement court depuis quelque temps sur le net compromettant deux personnages présentés comme étant membres du MIT en conversation avec Omer Güney, le suspect n°1 dans le meurtre des trois militantes kurdes.

François Hollande, Président de la République, dans une lettre adressée à la Coordination nationale Solidarité Kurdistan (CNSK) a confirmé, au sujet “de l’assassinat des trois militantes kurdes à Paris en janvier 2013”, que l’enquête en cours “a permis d’obtenir de premiers résultats”. Les familles des victimes, leurs avocats et leurs amis manifestent régulièrement leur crainte de voir cette affaire étouffée au nom de la “raison d’Etat” et pressent le gouvernement d’agir.

Ankara fait la sourde oreille

Un article paru dans le quotidien kémaliste “Karsi” (“je suis contre”), confirme qu’une commission rogatoire internationale a bien été envoyée par la Justice française à son homologue turque. Elle demande des informations sur le suspect incarcéré, Omer Guney et les résultats d’analyses concernant certains numéros de téléphone trouvés dans la mémoire de son Nokia et appelés durant la période du 29/11/2012 au 21/12/2012, notamment le plus appelé, commençant par “0538274…”. La commission rogatoire veut connaître l’identité de ce correspondant et la facturation détaillée. Elle vise également les contacts pouvant exister entre les propriétaires des numéros découverts dans les différents téléphones portables de Guney. Mais la justice française se heurte à une réponse dilatoire. Ankara n’a pas non plus répondu aux demandes de renseignements concernant la famille de Guney, ses comptes bancaires, les envois/réceptions de fonds et les différents passeports établis à son nom. Pas de réponse non plus concernant d’éventuelles images de Guney sur des enregistrements de vidéosurveillance en Turquie.

Le titulaire de la ligne “044202…” est celui de la direction régionale du MIT à Erzurum

“Karsi” livre la découverte la plus importante pour la poursuite de l’enquête. En interrogeant le 118 80 (annuaire inversé de Turquie), il a découvert que

l’un des 13 numéros enregistrés dans le répertoire du mobile de Guney, qui a tué à Paris trois femmes membres du PKK, est un numéro du MIT.

C’est le numéro commençant par ” 044202…” répertorié au 118 80 comme étant à la Direction régionale du MIT à Erzurum. Découverte “choquante”, conclut Karsi.

André Métayer