Dur d’être kurde! Rafle en Turquie contre le DTP

Depuis ce matin, 14 avril, une vaste opération d’arrestations vise plusieurs dizaines de cadres, à tous les niveaux du Parti pour une Société Démocratique, le DPT, qui vient de remporter une victoire sans appel dans les régions kurdes aux dernières élections municipales du 29 mars 2009.

Les députés et les maires sont pour l’instant épargnés.

L’opération a eu lieu dans 13 départements : Diyarbakır, İstanbul, Ankara, Aydın, Adana, Elazığ, Antep, Urfa, Şırnak, Hakkari, Bingöl, Van, Batman, Mardin.

Parmi les 70 personnes dont on sait qu’elles sont en garde à vue , figurent les vice-présidents du DTP Kamuran Yüksek, Selma Irmak, Bayram Altun ; on note également Senamis Önal et Mazlum Tekdal, membres du comité exécutif du DTP, Alican Önlü, adjoint au maire de Tunceli, Heval Erdemli, directeur du service d’architecture de la mairie de Batman, et le directeur de la télévision locale GUn Tv de Diyarbakir où les locaux ont été perquisitionnés ainsi que ceux du GABB , l’union des municipalités du sud-est anatolien dont le président est Osman Baydemir maire de Diyarbakir ; deux avocats d’Öcalan seraient aussi mis en garde à vue à Istanbul…

Le président du DTP Ahmet Türk a condamné fermement l’opération et appelé les autorités à “libérer immédiatement” les personnes interpellées :

Cette opération est une démonstration claire de l’incapacité du gouvernement à encaisser le résultat des élections. (NDLR : du 29 mars) L’opération a eu lieu conformément à ses directives a estimé M. Türk, cité par l’agence de presse Anatolie qui a ajouté : nulle force ne pourra faire écrouler le DTP qui est aujourd’hui la quatrième force du pays… nous allons continuer notre combat démocratique avec courage et détermination, quel qu’en soit le prix.

La pilule est en effet amère pour le gouvernement turc : Le DTP a remporté 10 assemblées départementales, une ville métropolitaine et ses 4 arrondissements, 7 villes–préfectures, 90 communes dont 51 grandes agglomérations, soit une centaine de mairies ; le nombre de villes kurdes dirigées par le DTP a donc doublé, malgré les fraudes dénoncées notamment par une délégation Solidarité Liberté de Marseille qui se trouvait à Agri au moment des élections :

le Préfet, sur ordre de l’AKP – le parti gouvernemental – a inversé les résultats électoraux pour ne pas reconnaître la victoire du DTP. Ce non-respect du suffrage universel a provoqué des manifestations de protestation des habitants, qui ont été violemment réprimées par la police et l’armée. De nombreux blessés sont à déplorer, parmi lesquels des élus du DTP. En outre, des dizaines d’arrestations ont eu lieu.

La seule façon pour le Pouvoir islamique de reprendre la main, avec la bénédiction d’Obama, est de diaboliser le DTP en l’accusant d’être une organisation terroriste et de le faire interdire.

C’est aussi pour faire oublier la lutte sans merci que se livrent islamistes de AKP au pouvoir et opposition kémaliste :

vingt-six personnalités des milieux pro-laïcs en Turquie, dont des recteurs d’université et responsables de médias, ont été arrêtées lundi en lien avec l’affaire “Ergenekon”, réseau accusé de vouloir renverser le gouvernement islamo-conservateur

a rapporté l’agence Anatolie.

André Métayer