Eyyup Doru mobilise la presse et les partis politiques devant le Congrès des députés espagnols

La conférence de presse du représentant kurde Eyyup ‘Faruk’ Doru le 20 mai 2021 a été suivie par tous les médias espagnols, assurant à l’événement une couverture nationale de l’opinion publique. Devant le Congrès des députés (la Chambre), Eyyup Doru a demandé avec insistance que les groupes parlementaires, en particulier le Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE), soutiennent la motion d’Unidos Podemos dénonçant la répression contre le HDP par le régime de Recep Tayyip Erdoğan.

Depuis 2019, le PSOE forme le gouvernement de coalition avec Unidos Podemos (composé de Podemos et d’Izquierda Unida (Gauche unie) formée elle-même de différents partis de gauche et du Parti communiste espagnol).

Entouré de députés des groupes signataires de la motion, Eyyup Doru a dénoncé devant les médias l’acharnement dont le gouvernement turc fait preuve contre le HDP, une formation politique membre du Parti social-démocrate européen, qui unit les forces progressistes non seulement kurdes, mais également arméniennes, turques, syriaques et arabes. Il a brossé un tableau particulièrement préoccupant de la situation générale en Turquie. La menace de dissolution qui plane sur la tête du HDP, la troisième force du pays, est d’une gravité qui n’avait jamais encore été atteinte par le passé. Nombre de personnalités kurdes croupissent dans les geôles turques. Le procès en cours, dit de Kobanê, est une basse vengeance de la part du régime dictatorial turc contre tous ceux qui se sont battus pour la démocratie au Kurdistan.

Le régime turc ne reconnaît pas les lois internationales ni les décisions de la Cour internationale des droits de l’homme. Nous avons besoin du soutien de toutes les forces et nous demandons au PSOE de soutenir l’initiative,

a-t-il poursuivi en soulignant également la lutte du peuple kurde et de ses alliés contre l’État islamique.

La répression est systématique

Le document signé par Unidos Podemos, Más País, Compromís, Equo (Verts), le Parti nationaliste basque (PNV), la Gauche républicaine de Catalogne (ERC), la Candidature pour l’unité populaire (CUP), Ensemble pour la Catalogne (Junts) et le Bloc nationaliste de Galice (BNG) dénonce la

répression systématique contre les hommes et les femmes politiques élu-e-s et les actions à caractère politique du HDP, la troisième force du Parlement turc.

Plus précisément, il est fait mention du cas de 108 membres du HDP poursuivis dans le cadre du procès dit de Kobanê :

Ils sont désormais accusés de “terrorisme” pour avoir encouragé des manifestations en octobre 2014, qui prenaient la défense de Kobanê, une ville à majorité kurde dans le nord de la Syrie, assiégée par l’État islamique, manifestations qui ont conduit à de violents affrontements.

Le procès a débuté le 26 avril à Ankara avec “absence de garanties”, entre autres parce qu’aucune immunité parlementaire n’a été prise en compte concernant des députés mis en accusation. Il n’a pas non plus été pris en compte l’arrêt de la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) concernant Selahattin Demirtaş, le dirigeant du HDP emprisonné et dont la libération avait été exigée par le tribunal de Strasbourg en décembre dernier au motif que ses droits ont été violés, droits fondamentaux, y compris la liberté d’expression.

Pour toutes ces raisons, les signataires demandent au Congrès des députés d’exiger du Gouvernement qu’il se montre solidaire publiquement du HDP face à la répression systématique à laquelle il est soumis par l’Etat turc et qu’il s’oppose fermement et publiquement à cette violation de l’État de droit.

André Métayer