Huit mois après les élections, le Kurdistan d’Irak s’est doté d’un gouvernement d’union nationale

Cela n’a pas été chose facile pour les dirigeants de la Région fédérale et autonome du Kurdistan d’Irak de former un gouvernement après les élections législatives de septembre dernier, au cours de laquelle les 2,8 millions d’électeurs kurdes d’Irak ont élu les 111 membres du Parlement.

Le scrutin s’est déroulé dans le calme et le taux de participation a été élevé, mais les deux partis qui se partageaient le pouvoir, le PDK de Massoud Barzani, Président de la région autonome et l’UPK de Jalal Talabani, Président de l’Irak, doivent désormais compter avec le Gorran (Mouvement pour le changement) qui est devenu la deuxième force politique. Il se trouve derrière le PDK qui a maintenu son avance, malgré les accusations de clientélisme, de favoritisme et de corruption portées contre lui, mais passe devant l’UPK dont il est issu après une lutte interne qui s’est terminée par une scission. Trouver une entente entre Barzani et Talabani, les deux frères ennemis – mais néanmoins complices – et le nouveau venu sur la scène politique, se situant “à la gauche de la gauche” a été difficile. D’autant plus qu’il fallait tenir compte aussi des partis représentant les différents formations religieuses islamiques, toutes sunnites, les minorités ethniques (turkmène, arménienne) et confessionnelles (chrétiennes). Les négociations ont duré 8 mois mais la situation exigeait l’union sacrée de toutes les forces si les Kurdes voulaient être en mesure de relever le formidable défi actuel : stopper l’avance des forces djihadistes – sunnites – de l’Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL) et s’affranchir un peu plus de la tutelle du Premier ministre chiite de la République d’Irak. Les peshmergas kurdes ont fait face avec succès aux troupes djihadistes (avec l’aide des Kurdes de Syrie disent certaines sources) et protègent Bagdad. Dans le même temps, ils ont pris le contrôle de la ville pétrolière de Kirkouk, une région revendiquée par les Kurdes et objet de vives tensions entre la Région kurde et le gouvernement irakien. Les Kurdes sont en passe de s’imposer sur la scène internationale comme des interlocuteurs incontournables.

Le gouvernement a prêté serment le 18 juin 2014

Le nouveau gouvernement du Kurdistan d’Irak, composé de 24 ministres, a prêté serment devant la Chambre des députés le mercredi 18 juin. Nechirvan Barzani, neveu de Massoud Barzani, est reconduit comme Premier ministre. L’ancien représentant du Gouvernement kurde à Washington, Qobad Talabani, devient Vice-premier ministre. Le PDK dispose de 6 ministères (Premier ministre, Éducation, Intérieur, Municipalités et tourisme, Ressources naturelles, Plan), l’UPK de 5 (Vice-Premier Ministre, Logement et Reconstruction, Santé, Culture, Martyrs et Anfal). Le Gorran, quant à lui, en reçoit 5 (Peshmergas, Économie et Finances, Commerce et Industrie, Affaires religieuses, Enseignement supérieur). L’Union islamique du Kurdistan (KIU) se voit également attribuer 4 ministères (Électricité, Travail et Affaires sociales, Relations avec le Parlement, Régions kurdes extérieures) et la Ligue islamique en reçoit 2 (Agriculture et Ressources hydrauliques, Environnement). Les Assyro-Chaldéens obtiennent le ministère des Transports et des Communications et les Turkmènes celui de la Justice.

André Métayer

Les 111 sièges du Parlement sont répartis ainsi :

  • Parti démocratique du Kurdistan (PDK) 38
  • Gorran (Changement) 24
  • Union patriotique du Kurdistan (UPK) 18
  • L’Union islamique (sunnite) 10
  • La Ligue islamique (sunnite) 6
  • Le Mouvement islamique (sunnite) 1
  • Parti Socialiste 1
  • Liberté (parti communiste) 1
  • La troisième voie 1
  • Liste des progressistes turkmènes 2
  • Liste des Turkmènes d’Erbil 1
  • Liste des Réformistes turkmènes 1
  • Le Front turkmène 1
  • Les deux Fleuves (minorité chrétienne) 2
  • Liste assyro-chaldéenne 2
  • Le fils des deux Fleuves (minorité chrétienne) 1
  • Liste de la minorité arménienne 1