Succès pour les élections législatives au Kurdistan d’Irak

Parti Démocratique du Kurdistan (PDK) (Barzani) 37,97%
Gorran (Mouvement pour le Changement) 22,90%
L’Union patriotique du Kurdistan (UPK) (Talabani) 16,58%
Yekgirtu (parti islamiste) 9,59%
Parti communiste-ouvrier du Kurdistan d’Irak (PCOKI) 6,42%
Parti pour une solution démocratique au Kurdistan (PCDK) 6,18%

Samedi 21 septembre, les 2,8 millions d’électeurs kurdes irakiens environ, sur une population totale estimée à 7 millions, ont été appelés aux urnes pour élire les 111 membres du parlement de la Région autonome du Kurdistan irakien. La participation a été de 73%. Les élections se sont déroulées sur fond de tension avec le gouvernement irakien de Bagdad et de combats en Syrie entre Kurdes et jihadistes. Pour autant, le scrutin s’est déroulé dans le calme, comme l’a souligné le représentant spécial de l’ONU en Irak, qui a également noté le “taux de participation élevé”.

Il y a 4 ans le PDK, parti de Massoud Barzani, président de la région autonome, était arrivé en tête devant l’UPK, parti de Jalal Talabani, président de l’Irak et le Gorran (Mouvement pour le changement). Le PDK, maintient son avance sur les autres partis. Pour autant ce succès ne doit pas occulter la percée du Gorran qui est en passe de devancer l’UPK et de devenir la deuxième force politique derrière le PDK.

Le trio de tête : PDK, GORRAN, UPK

Le PDK est politiquement plutôt conservateur et certains le comparent au gaullisme des années 60, rassemblant des personnalités très diverses. L’UPK, issu d’une scission au sein du PDK en 1974, sur fond de rivalité entre Jalal Talabani et Massoud Barzani succédant à son père, Mustafa Barzani, leader incontesté des Kurdes irakiens, est classé comme un parti social-démocrate et est membre de l’Internationale socialiste.

Le Gorran est situé à “gauche de la gauche”. Il s’oppose aux deux partis majoritaires qui ont formé un gouvernement de coalition en 2009 et qui s’apprêtent à faire la même chose cette année, à moins que la percée du Gorran vienne modifier le rapport des forces.

Les autres partis représentés au parlement

Yekgirtu est la plus grande organisation islamique du Kurdistan irakien. Créée officiellement en 1994, elle puise ses origines dans la mouvance des Frères musulmans. Elle est la quatrième force politique au Kurdistan irakien. Des fonds provenant principalement d’organisations islamiques saoudiennes lui permettent de financer des actions caritatives, la construction des mosquées, des dispensaires et des écoles dans les zones rurales, d’où elle tire sa popularité. Elle publie l’hebdomadaire “Yekgirtu”.

Le Parti communiste-ouvrier du Kurdistan irakien, créé en mars 2008, se définit lui-même comme un parti marxiste révolutionnaire et internationaliste. Partisan de la prise du pouvoir et la création d’une république socialiste, Il s’oppose au nationalisme et aux “fausses identités” fondées sur l’ethnie ou la religion. Avec le Parti communiste-ouvrier d’Irak, dont il est issu, il forme une union avec le Parti communiste-ouvrier d’Iran – Hekmatiste. Sa stratégie de prise du pouvoir repose sur une dynamique participative à la vie sociale, à travers des syndicats et des organisations civiles.

Le PCDK, fondé en 2002 dans les montagnes de Qandil, est considéré comme la branche du PKK au Kurdistan d’Irak, l’équivalent du PJAK en Iran. Il est membre du KCK (Union des communautés du Kurdistan). C’est la première fois qu’il participe aux élections législatives au Kurdistan irakien. Il critique l’action hégémonique des partis politiques au pouvoir, qu’il accuse de corruption, exercée au détriment de l’intérêt général. Le PCDK pourrait obtenir un siège de député au parlement de la région autonome du Kurdistan irakien.

André Métayer