Les députés J-P Gille, J-C Buisine, P. Molac et N. Appéré plaident la cause des Kurdes auprès du ministre J-M Ayrault

Quatre questions écrites venant de députés ont été adressées à Jean-Marc Ayrault depuis sa prise de fonction comme ministre des Affaires étrangères et du développement international, le 11 février 2016. Il s’agit de quatre interventions demandant implicitement au gouvernement français un changement politique vis-à-vis de la Turquie, engagée dans une spirale répressive à l’égard de la population kurde et de ses élus.

Jean-Patrick Gille et Jean-Claude Buisine : La France ne peut rester insensible à la situation des Kurdes

Jean-Patrick Gille, député d’Indre-et-Loire, dans une question écrite du 2 février 2016 et Jean-Claude Buisine, député de la Somme, dans une question écrite du 23 février 2016, attirent l’attention du ministre sur la situation de nombreuses villes du sud-est de la Turquie soumises à un couvre-feu. Situation dénoncée en particulier par un millier d’universitaires turcs et étrangers demandant l’arrêt des massacres commis par l’armée turque :

la France ne pourrait rester insensible à la situation des Kurdes menacés à la fois par la répression militaire turque et la folie meurtrière de Daesh.

Les deux députés demandent en substance au gouvernement de s’engager plus résolument dans la défense des populations kurdes et dans des actions en faveur de la paix.

La réponse du ministère, paru au JO le 15 mars dernier, est loin d’être satisfaisante :

la France suit avec préoccupation la dégradation des conditions sécuritaires dans le sud-est de la Turquie, notamment dans les principales villes, où les combats occasionnent de nombreuses victimes civiles

mais réaffirme qu’elle considère toujours le PKK comme une organisation terroriste. Cette position de l’autruche qui persiste à ne pas voir la situation en face ne peut favoriser la reprise des pourparlers de paix entre les parties en guerre.

Paul Molac :” le positionnement de la France vis-à-vis des agissements turcs est sujet à questionnements”

Paul Molac, député du Morbihan, dans une question écrite du 23 février 2016, dénonce la politique du gouvernement turc à l’égard du peuple kurde, que cela soit sur son territoire, en Irak ou en Syrie. La Turquie tire régulièrement sur des positions kurdes en Syrie malgré les appels du Quai d’Orsay qui a exprimé “sa préoccupation à l’égard de la dégradation continue de la situation” et appelé à la “cessation immédiate des bombardements”. Paul Molac rappelle que les combattants et combattantes kurdes, s’ils défendent le peuple kurde, sont membres des Forces démocratiques syriennes (FDS) composées également de combattants arabes, turkmènes, assyriens (chrétiens) et yézidis. Ils sont surtout les premiers alliés de la coalition occidentale dont fait partie la France contre les djihadistes de Daesh. Il signale par ailleurs que le gouvernement turc, faisant fi de toutes les conventions internationales, a lancé une grande opération militaire destinée à reprendre le contrôle de plusieurs villes à majorité kurde, ne se souciant nullement du sort des populations civiles :

le positionnement de la France vis-à-vis des agissements turcs est sujet à questionnements, sans doute expliqué par l’appartenance de la Turquie à l’OTAN et par le rôle attendu de celle-ci dans la régulation des migrants. Menacés tout à la fois par les djihadistes de Daesh et la répression militaire turque, les populations kurdes de la région ont besoin d’un soutien appuyé de la France et de l’Union européenne.

Paul Molac conclut en demandant d’éclaircir le positionnement de la France vis-à-vis des actions de la Turquie, sur et en dehors de son territoire, concernant les populations et combattants kurdes. Paul Molac n’a reçu à ce jour aucune réponse du ministère des Affaires étrangères. Paul Molac était aussi intervenu le 11 février 2015 en séance publique pour demander qu’on retire le PKK de la liste des organisations terroristes.

Nathalie Appéré : “Diyarbakir est aujourd’hui le théâtre d’actes de guerre”

Nathalie Appéré, députée d’Ille et Vilaine et maire de Rennes, dans une question écrite du 22 mars 2016, attire l’attention du gouvernement sur la situation de Diyarbakir, ville du sud-est de la Turquie :

elle est aujourd’hui le théâtre d’actes de guerre. La reprise des hostilités, après une trêve de deux ans, a balayé les espoirs de paix engagés par le processus. Plusieurs quartiers du district central de Sur, ceint de murailles de l’ère romaine inscrites au patrimoine mondial de l’Unesco, sont en effet soumis au couvre-feu depuis le mois de décembre 2015. Plusieurs milliers de personnes ont alors manifesté contre ce sixième couvre-feu, avant d’être brutalement dispersées. Des témoignages font état de nombreuses victimes civiles et, aujourd’hui, plusieurs élus du district de Sur sont encore emprisonnés. Selon la municipalité, 20 000 habitants de Sur seraient sans domicile, et au total plus de 50 000 habitants seraient déplacés dans d’autres quartiers. Les ruelles historiques ne sont plus que des ruines. Elle souhaite connaître de quelles manières la France compte s’engager en faveur de la protection de la population civile kurde et pour une solution pacifique au conflit, respectueuse des populations et des frontières existantes.

Nathalie Appéré a accueilli à Rennes, le 3 décembre dernier, Gültan Kışanak, co-maire de Diyarbakir et réaffirmé à cette occasion son soutien et celui de la Ville de Rennes à la reconnaissance de l’identité kurde et des droits des Kurdes « dans le cadre des frontières existantes » et au respect des Droits humains en Turquie.

André Métayer