Nous, citoyens douarnenistes…

Nous, citoyens douarnenistes, tenons à dire notre immense colère devant l’assassinat de trois jeunes femmes kurdes à Paris ce mercredi 9 janvier 2013.
N’oublions pas leurs noms : Sakine Cansiz, Fidan Dogan, Leyla Soylemez. Trois femmes, trois sourires, trois existences détruites, à bout portant. Armes silencieuses de lâches assassins. En plein Paris, droits de l’homme bafoués impunément.

Nous tenons collectivement à exprimer notre sincère solidarité aux familles et aux proches de ces trois femmes mais aussi à l’ensemble de la communauté kurde, à nos amis de Rennes, de Paris, du Centre d’Information du Kurdistan qui nous ont accueillis dans leurs locaux, de Bruxelles, de toute l’Europe. Beaucoup d’entre nous ont croisé ici, à Douarnenez, ces militants kurdes, venus nous dire leur combat pour la dignité, venus témoigner de leurs exils et de leurs luttes. Beaucoup d’entre nous gardent en mémoire leurs propos pacifistes, leur tranquille détermination, mais aussi leurs immenses espoirs et leur joie de vivre, leur goût pour le bonheur, leurs danses si étrangement pareilles à nos danses bretonnes. Des hommes soucieux mais dignes, de jeunes femmes lumineuses. Parmi elles, Fidan Dogan, 30 ans, plus connue sous le nom de Rojbin. Rojbin ne voulait que la paix, ne vivait que pour la paix, de toutes ses forces!

Nos routes ont croisé celles de ces hommes et femmes à de nombreuses reprises. Nous n’oublions pas.

En 2003, le Festival de Cinéma de Douarnenez et par là même, beaucoup de Douarnenistes, invitaient et rendaient hommage au peuple kurde, nation sans état déchirée entre Turquie, Syrie, Iran et Irak, et diaspora. Au nombre des invités, Ayse Karadag, mairesse de la ville de Derik, mais aussi Feridun Celik, maire de la Ville de Diyarbakir. Pour préparer ce festival, Erwan Moalic, Véronique Métayer, Caroline Troin et Gérard Alle s’étaient rendus au Kurdistan de Turquie. Jamais ils n’oublieront les témoignages et les réalités des hommes et des femmes qui les ont reçus là-bas.
En 2004, touchées par la dignité et le combat des Kurdes, désireuses d’aller plus loin, quatre élues de la Ville de Douarnenez partaient de nouveau en délégation au Kurdistan de Turquie afin de réaffirmer leur soutien à ceux et celles qui se battent pour des droits élémentaires. Il s’agissait alors du Maire Monique Prevost, et de Michelle Moal, Geneviève Freour et Anne-Maryse Nouqueret, depuis décédée. Elles posaient ainsi un geste de soutien politique fort.

Depuis 2004, de nombreux douarnenistes ont continué à tisser des liens avec des Kurdes, à accueillir des manifestations de soutien et à relayer les informations de l’association Amitiés Kurdes de Bretagne. Vente de kilims de la coopérative d’Hakkari, films, débats ou simples discussions autour d’un verre de thé. Parmi eux, le docteur Anne-Marie Borg, retournée plusieurs fois au Kurdistan, avait accueilli à son domicile Fidan Dogan, venue pour un moment d’information en 2010. Le Festival de Douarnenez a encore accueilli des Kurdes cet été 2012, et tous les étés précédents.

Bien sûr nos journaux en ont parlé dans leurs colonnes. Mais beaucoup de nos media sont restés silencieux sur les luttes actuelles des Kurdes en Turquie, ne relayant que les déclarations d’apaisement d’Erdogan et faisant silence sur les milliers de prisonniers politiques kurdes emprisonnés par le même Erdogan depuis des mois, dont des élus démocratiquement élus ( précisément, 32 maires et six députés BDP, une quarantaine d’avocats et autant de syndicalistes, des centaines d’étudiants et 500 militantes du BDP, parti démocratique pour la paix, plus de 90 journalistes et des centaines d’enfants).

Au-delà des dépêches de presse, nous tenons à dire notre immense émotion, notre indignation totale devant ces trois assassinats.

Au-delà des mots… nous sommes de tout coeur avec toux ceux qui restent debout, meurtris, mais calmes et dignes.

Laissons à Chloé Canton, jeune douarneniste partie manifester son soutien aux Kurdes ce samedi 12 janvier à Paris, le mot de la fin :

Une très belle marche dont vous n’entendrez pas parler ou si peu. Il y avait de l’émotion et de la colère. Les mâchoires serrées des vieillards, des poussettes et les slogans rageurs mais pacifiques des jeunes adultes. Ils demandaient la justice pour Rojbin, Sakine et Leyla, abattues froidement en plein Paris. La justice et la vérité malgré les intérêts économiques et géopolitiques en jeu. Hollande, les insultes d’Erdogan t’aideront-elles réagir fermement ?