Brisons le silence, mobilisons-nous pour le Kurdistan

Bombardement du Rojava par la Turquie, guerre de la Turquie à l’arme chimique contre la résistance Kurde en Irak, répression de la révolution des femmes au Rojhelat (Kurdistan Iranien) et en Iran : c’est l’actualité terrifiante que vivent les peuples du Kurdistan,

écrit un communiqué signé par plus de 15 organisations politiques, syndicales et associatives (dont les Amitiés kurdes de Bretagne) appelant à un rassemblement unitaire qui s’est tenu le 2 décembre à Rennes, place de la République. Le passage de la Légion d’Honneur était barré d’une banderole : « Brisons le silence, Mobilisons-nous pour le Kurdistan » (photo Fehmi Kaplan).

De Rennes à Brest, de la Roche-sur-Yon à Paris, Marseille, Lyon, Grenoble, partout les mêmes slogans : arrêt immédiat des bombardements de la Turquie au Rojava et au Nord et à l’Est de la Syrie, arrêt de la guerre et de l’utilisation d’armes chimiques, solidarité avec la révolution des femmes iraniennes, retrait du PKK de la liste des organisations terroristes, libération pour Abdullah Öcalan et pour tous les détenus politiques en Turquie et en Iran.

Brest : manifestation et marché du monde

Les Amitiés kurdes de Bretagne étaient présentes le dimanche 20 novembre au marché du monde de Brest avec un stand présentant livres et documents sur le Kurdistan. Elles ont aussi participé à divers manifestations, dont celle du samedi 3 décembre. Elles ont été signataires de l’appel à manifester avec le Collectif des Iranien-nes de Brest, la Communauté Kurde de Brest, Brest Insoumise, la CNT Interpro-Brest, Douar ha Frankiz, le NPA BREST, l’Union Communiste Libertaire Finistère, l’UDB Bro-Brest, l’UDB Jeunes – UDB Yaouank, l’Union Locale CGT BREST, Solidaires 29, le PCF Pays de Brest, le Collectif des Brestoises pour les droits des femmes, l’Union Pirate (photo M. Le Hir en tête d’article). La manifestation a été relatée par le Télégramme et Kurdistan au féminin :

Les militants se sont rassemblés place La Liberté à Brest à 14h30 et ont défilé dans les rues les plus fréquentées de la ville. La foule a scandé des slogans en kurde, breton et français, « Vive la guérilla résistante », « Le Kurdistan sera le cimetière du fascisme », « Dictateur Erdoğan », « femme, vie, liberté », « Vive le président Apo » et « Les martyrs sont immortels ». Les manifestants portaient également des banderoles sur lesquelles on pouvait lire « Protégez la révolution du Rojava », « femmes, vie, liberté », « Liberté pour Ocalan », « Brisons le silence pour le Kurdistan » et des banderoles des photos de 17 combattants du PKK tués dans des attaques chimiques de l’armée turque au Kurdistan irakien.

Marché de Betton : de l’importance à parler du Kurdistan en tous lieux

Comme chaque année, à l’appel du comité Betton Solidarités, les Amitiés kurdes de Bretagne ont participé au marché de Noël 2022 de la Solidarité qui s’est tenu à Betton, commune de la Métropole rennaise, ce dimanche 4 décembre. Aller à la rencontre d’un public qu’on ne rencontre pas dans les rassemblements militants, parler de la situation des prisonniers politiques en Turquie, du projet de rue pour Rojbîn, des bombardements en Syrie, de la révolution iranienne, mais aussi comment se déroule une délégation en Turquie, faire comprendre l’importance de mettre de la couleur sur les murs d’une cellule avec une carte postale venant de France ! Et la beauté des kilims fait le reste : « avec des mots simples, on touche beaucoup de personnes » disent encore Michel et Laetitia qui ont parlé sans relâche, de 10h à 18h pour informer, pour convaincre (photo : Laetitia Bourcier).

Protestations, avertissements, soutiens

Ces manifestations, ces contacts, participent à cette vague de prise de conscience qui se manifeste surtout après le risque d’invasion terrestre de la Syrie par la Turquie qui multiplie les bombardements aériens et la révolte des femmes en Iran qui se transforme peu à peu en une révolution contre le pouvoir islamiste. Témoins de nombreuses prises de positions dont celles de la France insoumise (LFI) :

Le gouvernement turc utilise un prétexte pour poursuivre son agression contre l’expérience démocratique du Rojava au nord syrien et sa répression accrue contre l’alternative portée par le HDP en Turquie. La Turquie, membre de l’OTAN, affaiblit ainsi la lutte contre les cellules toujours actives de l’État islamique. Les député·es du groupe LFI-NUPES appellent la France et la communauté internationale à agir contre ces violations flagrantes du droit international et humanitaire. Ces attaques contre les Kurdes, infatigables combattants contre Daesh, doivent cesser immédiatement.

et du Nouveau Parti anticapitaliste (NPA) :

L’aviation turque a bombardé la ville de Kobané, symbole de la défaite de Daesh, et de nombreuses localités le long de la frontière, visant des écoles, des hôpitaux, des silos à grain et entraînant des dizaines de victimes civiles. Dans le même temps le régime iranien se déchaîne contre la région kurde d’Iran révoltée, tuant des dizaines de manifestants et bombardant même les camps du PDK-I en Irak. L’heure est à la mobilisation pour faire entendre ces messages : Empêchons le régime d’extrême droite d’Erdoğan d’écraser la région autonome du Rojava. Empêchons le régime des Mollahs d’écraser la révolte populaire au Kurdistan d’Iran, et dans tout le pays. Stop aux agressions contre les Kurdes.

Lors d’une conférence de presse au Sénat le 1er décembre dernier, Laurence Cohen, sénatrice communiste du Val-de-Marne, a annoncé qu’une délégation de sénateurs français se rendra au Rojava en tout début de l’année 2023 pour protester contre l’agression turque : « la situation s’est aggravée et Erdoğan profitant que les regards sont braqués plutôt sur l’Ukraine que sur la Turquie, bombarde les infrastructures, des écoles et des hôpitaux. » Nassimah Dindar (UDI), se joindra à la délégation ainsi que Rémi Féraud (PS) qui se refuse d’abandonner les Kurdes : « ce serait une faute morale ». Pierre Laurent (PCF) demande, pour conclure, que la France soutienne la demande d’enquête internationale sur l’utilisation par la Turquie d’armes chimiques.

Des parlementaires catalans sont en visite de solidarité au Rojava : « Nous sommes venus ici pour faire part de notre solidarité avec les peuples de la région et avec l’Administration du Nord et de là est de la Syrie (AANES). »

Dans l’entretien réalisé le 29 novembre, soit 10 jours après le début de l’agression militaire turque contre le Rojava, Sébastien Lecornu, ministre français de la Défense, a exprimé sa

vive préoccupation à propos des frappes menées par la Turquie en Syrie et en Irak. Elles conduisent à une escalade des tensions qui menace la stabilité de de la région et compromettent les progrès réalisés depuis plusieurs années par la Coalition internationale dans la lutte contre Daech.


Le secrétaire américain à la Défense, Lloyd Austin, a également mis en garde la Turquie contre une nouvelle opération militaire dans le nord et l’est de la Syrie.

André Métayer