Les mères du Samedi exigent la vérité dans l’affaire de disparition de Talat Türkoğlu

STANBUL – Les mères du Samedi qui se rassemblent chaque semaine sur la place Galatasaray, à Istanbul, pour s’enquérir du sort de leurs proches disparus et assassinés en détention et pour exiger que les auteurs soient poursuivis, ont demandé ce qui est arrivé à Talat Türkoğlu, un socialiste d’Istanbul porté disparu en avril 1996 et dont un ancien agent du JITEM a avoué le meurtre sous la torture de Türkoğlu par des policiers. …
Mères du Samedi est un groupe de militants qui cherchent à connaître le sort de leurs proches disparus en garde à vue dans les années 1980 et 1990 et exigent des comptes pour ces disparitions.
En mai 1995, les Mères du Samedi (en kurde: Dayikên Şemiyê, en turc: Cumartesi Anneleri) descendaient pour la première fois sur la place Galatasaray, à Istanbul, pour exiger la fin des disparitions forcées et demander qu’on leur rende leurs proches portés disparus.
(lire l’article complet : https://kurdistan-au-feminin.fr/2024/03/30/turquie-les-meres-du-samedi-exigent-la-verite-dans-laffaire-de-disparition-de-talat-turkoglu/)

“la colère des mères étranglera les assassins”

Témoignage tiré du film « Kurdistan je reviens d’un pays qui n’existe pas » réalisé en 1997 par l’association « Délégation rennaise Kurdistan (DRK) , devenue « Amitiés kurdes de Bretagne » (AKB). L’équipe de tournage était place Galatasaray, à Istanbul, le samedi 31 mai 1997.


« Les mises en garde du Consulat de France m’incitèrent à prendre un maximum de précautions pour aller filmer la manifestation hebdomadaire des “Mères du samedi”. A l’instar des “Mères” d’Argentine, plusieurs centaines d’épouses, de mères, de sœurs de disparus, accompagnés d’amis, de journalistes, d’avocats, manifestent tous les samedis, depuis le 14 Mai 1995, place Galatasaray, à Istanbul et crient leur colère : “la colère des mères étranglera les assassins”, “qu’on retrouve les coupables et qu’ils nous rendent des comptes”. “Fin aux disparitions, lors des gardes à vue”. Peut-on lire sous les portraits des disparus.


On a pu aussi se faire raconter l’histoire tragique deTalat Türkoğlu, disparu le 1° avril 1996 entre Edime, où il avait rendu visite à sa sœur, et Istanbul. Ce militant de gauche qui avait déjà purgé une peine de prison se sentait menacé et avait confié à sa sœur qu’il était suivi par la police. Depuis sa sœur et sa femme manifestent tous les samedis : ” a été enlevé par l’Etat, nous le voulons vivant”, peut-on lire sous le portrait de Talat Türkoğlu. Sa femme trouve parfois, en rentrant chez elle, la télévision allumée, manière de lui faire comprendre le message : nous détenons Talat, nous avons son trousseau de clefs et nous pouvons pénétrer chez toi quand nous le voulons ».

André Métayer

Les photos sont tirées du film « Kurdistan je reviens d’un pays qui n’existe pas » qu’on peut visionner sur le site ‘’Bretagne et diversité’’ (BED) Je reviens d’un pays qui n’existe pas | BED (bretagne-et-diversite.net)
• Manifestation à Istanbul, place Galatasaray le 31 mai 1997
• Portrait de Talat Türkoğlu porté par une proche