Les procès iniques et scandaleux d’Ankara et de Malatya visent en particulier Figen Yüksekdağ, Gültan Kışanak, Sebahat Tuncel & Selahattin Demirtaş

Gültan Kışanak, co-maire de Diyarbakır et Sebahat Tuncel, co-présidente du Parti démocratique des Régions (DBP), toutes deux anciennes députées, sont détenues depuis novembre 2016. Ces deux personnalités sont bien connues en Bretagne et particulièrement à Rennes. Gültan Kışanak a reçu une délégation des Amitiés kurdes de Bretagne à Diyarbakir en 2014 et Nathalie Appéré, maire de Rennes, l’a chaleureusement accueillie en décembre 2015.

Sebahat Tuncel, kurde, alévie, féministe, socialiste, est connue pour son militantisme au sein de la commission des femmes du parti pro-kurde qui, sans cesse interdit, a pris successivement les noms de HADEP, DEHAP, DTP puis BDP. Poursuivie pour appartenance au PKK, elle a été placée en détention au cours de l’année 2006. Après avoir fait campagne pour les élections législatives à partir de sa prison, elle fut élue députée en juillet 2007 –la benjamine du Parlement – et libérée grâce à son immunité parlementaire. Elle est venue à Rennes le 19 juin 2009, à l’invitation des Kurdes de Rennes et fut réélue députée d’Istanbul en juin 2011. Le HDP dénonce une situation hallucinante :

la répression contre l’opposition démocratique en Turquie et en particulier contre les militants kurdes continue sans relâche. Tous les fondements de la démocratie locale et parlementaire ont été détruits. En plus de l’arrestation des Co-Présidents du HDP, le gouvernement AKP a déchu de leur mandat les maires de 94 municipalités kurdes et les a remplacés par des administrateurs désignés par lui-même. Il a également suspendu les activités des Conseils municipaux.

Prochaine audience : 3 novembre prochain à Malatya contre Gültan Kışanak et Sebahat Tuncel

Les actes d’accusation dressés contre elles ne fournissent aucune preuve crédible relative à une quelconque activité criminelle, se contentant de noter les manifestations pacifiques auxquelles elles ont participé et dans lesquelles elles ont usé de leur liberté d’expression concernant des sujets tels que la décentralisation, la paix, l’égalité des genres en Turquie. Après trois audiences, Mmes Kışanak et Tuncel n’ont toujours pas été libérées ni acquittées. La prochaine audience se tiendra le 3 novembre 2017, au palais de justice de Malatya.

Le Parti démocratique des Peuples (HDP) lance un appel en direction des parlementaires, d’élus locaux, de militants d’ONG, et en particulier d’organisations de femmes pour assister au procès et “manifester leur solidarité avec ces femmes qui luttent pour la démocratie, la paix et l’égalité en Turquie”.

Figen Yüksekdağ : 6 décembre à Ankara, Selahattin Demirtaş : 7 décembre à Ankara

La 3ème audience du procès de Figen Yüksekdağ se tiendra le 6 décembre prochain, dans le complexe de la prison de Sincan, à Ankara. La première audience du procès contre Selahattin Demirtaş se tiendra devant la 19ème Cour criminelle d’Ankara le 7 décembre 2017, soit 399 jours après son arrestation. Les charges énoncées à l’encontre des deux co-présidents du HDP sont quasiment identiques : “création et gestion d’une organisation armée terroriste, propagande au profit d’une organisation terroriste, incitation de la population à la haine, à l’hostilité, à commettre des crimes, à violer la loi, organisation et participation à des manifestations interdites”.

La procédure les concernant consiste en la jonction de différents dossiers qui sont quasiment tous relatifs à des discours tenus en tant que leaders d’un parti politique. Sur le fondement de ces accusations, le ministère public requiert contre Selahattin Demirtaş et Figen Yüksekdağ des peines de 142 ans et 83 années d’emprisonnement. Selahattin Demirtaş est venu à Rennes en juin 2010, à l’invitation de l’association kurde Amara et des Amitiés kurdes de Bretagne.

Il va sans dire que ces procès politiques sont d’une importance cruciale pour l’avenir de la Turquie. Hisyar Ozsoy, député et Vice-président du HDP chargé des affaires étrangères, lance un appel en directions des observateurs internationaux : “en observant ces procès, vous pourrez témoigner de l’usage arbitraire du droit pour étouffer l’opposition démocratique, vous pourrez témoigner de la fin de l’Etat de droit et de l’absence de séparation des pouvoirs”.

André Métayer