Le festival de cinéma de Douarnenez donne, chaque année, une place aux Kurdes. Les AKB étaient au rendez-vous

“Le festival de cinéma de Douarnenez a une place singulière en présentant chaque année une filmographie « kurde » étonnamment militante” se désole Medya Türk, la voix de son maitre Erdoğan en France. Et de noter que la 26ème édition (2003) s’intitulait ” Kurdistan”, la 39ème (2016) “Peuples de Turquie” et la 40° (2017) “Frontières” et toujours avec la participation des Amitiés kurdes de Bretagne (AKB) qui, comme chaque année, ont présenté au public festivalier une librairie militante et les kilims (tapis traditionnels) de Hakkari. Et les vitupérations de Medya Türk ne les impressionnent pas (“même pas peur !!!”).

Les kilims ont toujours beaucoup de succès auprès d’un public qui se laisse tenter par un achat de produit de qualité mais aussi par cette forme de soutien à une population que la guerre frappe durement. Les dernières nouvelles de Hakkari ne sont pas bonnes : jamais la répression n’a été aussi systématiquement menée. Les militants des AKB, mais aussi ceux des Amitiés kurdes de Lyon et de Rhône-Alpes, étaient là pour informer et répondre aux nombreuses questions : les rapports de leurs dernières missions, les derniers livres parus, autant de documents que les festivaliers se sont procurés.

De plus, cette année, les AKB invitaient adhérents et sympathisants, à des Journées d’études organisées à Douarnenez dans le cadre du festival au cours desquelles Tony Rublon et Gaël Le Ny, président et vice-président de l’association, ont pu présenter ses activités, en particulier celles qui les ont conduit à franchir les « frontières » en allant à la rencontre des réfugiés, notamment yézidis, à Diyarbakir dans le camp de Fidanlik et au Kurdistan d’Irak, dans la région de Sinjar.

Certains avaient trouvé à Diyarbakir des raisons d’espérer à une vie meilleure. Depuis l’emprisonnement des maires et co-maires (2016), le camp a été fermé. Les réfugiés ont été expulsés vers des camps de l’AFAD. Tony Rublon, qui a conduit la délégation de 2017, témoigne :

l’AFAD, la Direction turque de gestion des catastrophes et situations d’urgence, est un organisme qui a en charge la gestion des migrants et qui gère les fonds européens donnés à l’Etat turc. Il n’y a aucun contrôle sur l’utilisation de ces fonds comme il n’y a aucune information sur les conditions de vie dans ces camps. Aucune ONG n’y pénètre et les réfugiés ne peuvent sortir sauf autorisation et sauf pour ceux qui ont un travail à l’extérieur. La grande majorité des camps qui existent actuellement en Turquie sont des camps gérés par l’AFAD. Il est difficile de chiffrer le nombre de réfugiés en Turquie mais on estime leur nombre entre 3 et 4 millions dont 700 000 à 900 000 dans les camps de l’AFAD. Les autres errent dans les rues d’Istanbul et d’Ankara.

André Métayer